Les nouveaux fronts du dénialisme et du climato-scepticisme

Deux années d’échanges Twitter passées aux macroscopes

CNRS, Institut des Systèmes Complexes de Paris Île-de-France

David Chavalarias, Paul BouchaudVictor Chomel, Maziyar Panahi

Crédits : ISC-PIF

Dès 1912, certains ont mis en garde contre les effets d’émissions massive de CO2 dans l’atmosphère par la nouvelle ère industrielle. Dès la fin des années 1970, les études internes des industries fossiles ont établit des projections précises liant le réchauffement de la planète aux émissions de CO2 , prédisant à la même occasion des “effets environnementaux dramatiques à venir avant l’année 2050”. Pendant ce temps, ces mêmes entreprises, et en particulier ExxonMobil, ont tenté de convaincre le public qu’il était impossible d’établir un lien de causalité entre l’utilisation de combustibles fossiles et le  réchauffement climatique  parce que les modèles utilisés pour modéliser la réponse du climat étaient trop incertains.

Depuis les années 1970, les avancées des sciences du climat n’ont cessé de dresser un constat de plus en plus clair sur la réalité du réchauffement climatique (voir le rapport du groupe I du GIEC, chapitre 1), tandis que le rapport du GIEC de 2021 indique qu’“il est sans équivoque que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, l’océan et les terres”.

Alors le réchauffement climatique s’intensifie dans chaque région du monde (l’année 2022 étant emblématique) et que ses impacts s’aggravent, cette décennie est critique pour engager résolument une baisse des émissions de gaz à effet de serre. Malgré cela, nous assistons à une intensification de l’activité de groupes dénialistes et climato-sceptiques en ligne et à une révision à la hausse des objectifs d’émission de la plupart des majors pétrolières qui
viennent pourtant d’annoncer des bénéfices annuels record (ex. BP).

En France, l’intensification du militantisme dénialiste a été particulièrement marquée depuis juillet 2022 avec une triple actualité climatique : une série d’événements extrêmes, la tenue de la COP27 avec un poids fort des industries fossiles, et enfin la convergence des les enjeux du réchauffement climatique et avec ceux de la sécurité d’approvisionnement en pétrole et en gaz du fait de la guerre en Ukraine.

Cette étude décrit certaines des stratégies mises en oeuvre par les militants climatosceptiques et dénialistes sur Twitter, quantifie leurs effets et met en avant de potentielles motivations géopolitiques. Il s’appuie sur les méthodologies développées au CNRS au CAMS et à l’Institut des Systèmes Complexes de Paris

Au-delà du “fact-checking”, cette étude vise à une meilleure compréhension de la circulation des différents narratifs liés au changement climatique et en particulier ceux relevant de la désinformation.

Cette étude et les recherches associées ont été menées dans le cadre des plateformes Climatoscope et Politoscope de l’Institut des Systèmes Complexes de Paris Île-de-France. Elles ont également été soutenues par le projet européen NODES (LC-01967516—CNECT/2022/5162608), la Région Île-de-France, la Ville de Paris et, via une bourse doctorale, par la fondation CFM pour la recherche.

Pour accéder à l'étude :

https://nextcloud.iscpif.fr/in...